1995 - you can count on me, like one, two, three, i'll be there

BOUM ! Oh oh, je crois qu’on va avoir des soucis ! Je regards à tour de rôle Nemo, Zadig et Woody. On jouait au ballon dans la rue, et le plus inconsciemment possible, je l’ai fait atterrir sur le pot de fleur de maman qui avait éclaté en mille morceaux. Je crois que c’était un vase qu’elle tenait de Mamie, ou un truc du genre. « Vite ! Cours ! » Je sortais de mes rêveries interpellé par la voix de Woody. Oui, j’avais plutôt intérêt à courir. Tels les quatre fantastiques, on courrait dans la rue pour essayer de se planquer, mais… « Jasper et Nemo Parker ! Venez ici tout de suite ! » Je regardais mon frère. Du genre le regard qui veut tout dire. « Prêt ? » « Prêt ! » À nous deux, on est un peu les rois de l’improvisation. On sort du buisson dans lequel on s’était mis, en laissant Zadig et Woody derrière nous pour aller voir notre mère. « Alors ? J’attends des explications ! » Je regarde Nemo. « Ben en fait… » « Il y avait des grands garçons très musclés qui… » « Qui avaient des pistolets ! Et en fait… » « Ils ont voulu nous faire peur ! Et du coup… » « Ils nous on prit notre ballon ! Et… » « Et là, on a entendu un gros BOUM ! Mais… » « Eux, ils étaient déjà partis avec notre ballon ! Alors… » « On s’est retourné, et on a vu qu’ils avaient tiré sur ton vase. Du coup… » « On a essayé de leurs courir après, mais ils allaient trop vite. » « J’te jure que c’est vrai maman ! » Ma mère ramassait notre ballon de foot qui était par terre. Oups, je l’avais pas vu celui-là. « Ah oui ? Ils sont partis avec votre ballon ? » Nous dit-elle en nous le tendant. « Ben, ils ont une cape invisible et ils l’ont ramené ? C’est des gentils méchants en fait ! » Ma mère nous prit tous les deux par la main pour nous trainer à l’intérieur de la maison. Une fois de plus, on allait avoir des ennuies…
Le dimanche après-midi, c’est nul. Enfin non, c’est bien parce qu’il n’y a pas école, mais il n’y a vraiment rien à faire. Rien de rien. Le samedi, c’était cool. J’avais ma leçon de guitare qui me prenait toute l’après-midi, du coup, je ne m’ennuyais pas, mais là… Je n’aimais pas le dimanche. Du coup, j’avais commencé à fouiller dans les cassettes de mon père. Rambo, E.T., des classiques que je connaissais déjà par cœur ! Je n’avais pas envie de les revoir encore. « Qu’est-ce que tu fais ? » Wow ! Il m’avait fait peur lui ! Pourtant, je devais m’y habituer, Zadig passait son temps à la maison ! « Je cherche un film à regarder. T’as pas une idée ? » Il me regardait en secouant la tête de droite à gauche. Il m’aidait beaucoup, franchement. Il m’aida alors à chercher dans la tonne de VHS de mon paternel. « Regarde, c’est quoi ça ? » Il me tendait un boîtier que je n’avais jamais vu. « Star Wars, l’empire contre attaque. Je n’en ai jamais entendu parler. » « Ca parle de quoi ? » « Malgré la destruction de l'Etoile Noire, l'Empire maintient son emprise sur la galaxie, et poursuit sans relâche sa lutte contre l'Alliance rebelle. Basés sur la planète glacée de Hoth, les rebelles essuient un assaut des troupes impériales. Parvenus à s'échapper, la princesse Leia, Han Solo, Chewbacca et C-3P0 se dirigent vers Bespin, la cité des nuages gouvernée par Lando Calrissian, ancien compagnon de Han. » « Bon, ok, je n’ai pas tout compris. On regarde ? » Je mettais la cassette dans le magnétoscope, et deux heures et quatre minutes plus tard, j’étais aux anges ! C’était le meilleur film que je n’avais jamais vu ! « Mais c’est trop bien ce truc ! » Je me levais, abandonnant Zadig sur le canapé. Mon père devait sans doute connaître Star Wars, et j’avais des tas de questions à lui poser à ce sujet maintenant.

1997 - loveshack baby

« Qu’est-ce qui a Lily ? » J’étais assis sur le banc du parc, et elle, elle venait d’arriver en courant. C’était ma meilleure copine, elle était avec moi aux cours de guitare, et du coup, on passait beaucoup de temps ensemble. « C’est Gena. C’est plus ma copine, je veux plus la voir ! » Les histoires de filles… À huit ans, je n’y comprends pas grand-chose, je préfère m’occuper de mes statuettes de maître Yoda moi ! Mais je me dois d’être un minimum compatissant. « Pourquoi ? » Elle me regarde, avec des yeux très rouges, et remplis de larmes. « Elle m’a piqué mon amoureux, Ethan. » C’était qui celui là ? Je ne le connais absolument pas, et je m’en fiche. Moi, je n’avais jamais eu d’amoureuse, je ne savais même pas ce que c’était vraiment une amoureuse. Je savais juste que quand on avait une amoureuse, il fallait être gentil avec elle, et lui faire des bisous sur la bouche. Comme Han Solo et Princesse Leïa. « Mais, c’est pas grave ? Si ? » « Bah si ! J’ai plus d’amoureux moi maintenant ! De toute façon, t’es un garçon, tu ne peux pas comprendre ! » QUOI ?! Comment ça ? Sous prétexte que je suis un garçon, je ne peux pas comprendre pourquoi elle est malheureuse ? « Pff… Tu dis n’importe quoi ! Je peux très bien comprendre ! » Elle sourit. Au moins, elle ne pleurait plus, c’était déjà une bonne chose. « Jasper ? » « Oui ? » Elle se racle la gorge. « Tu veux pas être mon amoureux ? » Mes yeux se font super ronds. « Quoi ? Mais pourquoi moi ? » « Bah… Je ne sais pas… Je t’aime bien… » Ouh la, c’était bizarre ça ! Mais bon, après tout, pourquoi pas ? « Mouai… Bon, d’accord, mais ça sert à quoi d’avoir un amoureux ? » « Bah on peut se faire des bisous ? » J’avais jamais embrassé une fille de toute ma vie, enfin, pas de garçon non plus hein ! Et du coup, comme j’étais son amoureux, Lily s’approchait doucement vers moi, et m’embrassait sur la bouche. Voilà, j’avais embrassé une fille.
« Leeloo ? » « Oui ? » « Je peux te poser une question ? » « Vas-y. » « T’as déjà embrassé un garçon ? » Vu sa tête, je crois qu’elle s’attendait pas vraiment à cette question. D’un côté, je ne m’attendais pas à lui poser cette question moi-même. Oui, ça m’arrivait de ne pas penser à ce que j’allais dire. Genre là, c’était sorti vraiment tout seul. « Euh… Oui enfin… Non ! Pourquoi ? » « Bah… Je ne sais pas. Comme ça. » Réponse débile. En fait, depuis que moi et Lily, on s’était fait un bisou, et ben je ressentais un truc bizarre. Et puis, comme Leeloo était une fille, elle devait connaître ça ! « Mouai… Non mais en vrai, pourquoi tu me demandes ça ? » Je la regardais. Lui dire ou ne pas lui dire, telle est la question ! Non, je ne me prenais absolument pas pour Shakespeare ! Bon, c’était Leeloo, ce n’était pas Nemo. Je pouvais lui faire confiance, enfin, je crois. « Bon, promis juré, tu le dis à personne, hein ? » « Promis ! » « Bon… Tu sais, je fais de la guitare avec une fille qui s’appelle Lily. Et en fait, l’autre jour, une de ses copines lui a piqué son amoureux. Du coup, elle m’a demandé d’être son amoureux, et on s’est fait un bisou sur la bouche. » Elle me regarde, avec un sourire jusqu’aux oreilles. « Mais c’est trop cool ! » Ok. Je ne voyais pas vraiment ce que ça avait de cool, mais bon. « Ouai, mais depuis, je me sens bizarre. » « Bah normal, t’es amoureux d’elle. » « Bah oui, je sais, mais ce n’est pas censé changer quelque chose, si ? » « Bah si ! C’est ton amoureuse, tu l’aimes quoi ! » Gros choc. À huit ans, j’étais amoureux pour de vrai d’une fille…

2000 - tonight, we are young

« Eh ! T’es qui toi ? » On était assis avec Nemo, Zadig et Woody sur le banc de l’école, quand un petit blondinet avec des grosses lunettes rouges et un appareil dentaire s’avance vers nous. « Je m’appelle Chandler. » La tronche sur gamin ! Il était censé avoir notre âge, et pourtant, il en faisait cinq de moins. « D’accord. Et tu veux quoi ? » « Je peux venir avec vous ? » Je me retourne vers les autres qui semblaient morts de rire à voir leurs têtes. Bon, j’avoue que moi aussi j’avais bien envie de rire en voyant sa tête, mais bon, j’essayais de me retenir. En plus, il zozotait à moitié, donc c’était dur ! « Pourquoi tu viendrais avec nous ? » Comme si on acceptait n’importe qui. Même pas en rêve. On était un groupe très fermé. « Bah parce que j’aimerai bien être votre copain. » Là, c’en était trop, je ne pouvais plus me retenir. J’éclatais littéralement de rire. Oui, ça ne se faisait pas, mais bon… Il y a des moments où on agit sans réfléchir, et ça, ça en faisait parti. Au bout de quelques secondes de fou rire, je le regardais dans les yeux. « T’es sérieux ? T’as vu comment t’es habillé ? Tu crois vraiment qu’on va te laisser trainer avec nous ? » Soudainement, il devenait tout rouge. « Mais… Mais il n’y a pas que l’apparence qui compte d’abord ! » J’avais encore envie d’éclater de rire, mais il valait mieux que je me retienne, comme ça, il partirait peut être plus vite. « Non, tu as raison, mais le problème, c’est que si tu commences à trainer avec nous, et ben on va nous prendre pour des pecnos, comme toi, et ça, on n’en a pas très envie. » Son menton commençait à trembler, et ses yeux se remplissaient de larmes. « Oh ! Pauvre petite bichette ! Tu vas pleurer ? » « Toute façon, je vais le dire à mon père ! » Et il partit en courant.
Lily m’avait appelé il y a quelques minutes en me disant de passer chez elle. Cool, on allait jouer aux jeux vidéo sans doute. On sortait ensemble depuis qu’on s’était fait un bisou quand on était petits. Il y a quatre ans quoi. Mais on n’avait que onze ans, alors nos rendez-vous se limitaient à des parties de jeux vidéo ou de petits chevaux. J’arrivais devant la porte de chez elle. « Salut Lily. » Elle me faisait un bisou sur la joue. « Rentre. » Elle ne semblait pas vraiment contente de me voir. « Ça ne va pas ? » « En fait, non, pas vraiment. C’est pour ça que je t’ai demandé de venir. » Qu’est-ce qui se passe ? Sa console ne marchait plus ? Elle avait perdu sa poupée Barbie ? Pire ! Elle allait avoir un appareil ? « Qu’est-ce qui a ? » « Mes parents ont décidé que je ne prendrais plus de cours de guitare… » « Mais alors, ça veut dire que… » « Oui… » Ça voulait dire qu’on ne se verrait plus comme on n’avait l’habitude de se voir. On avait beau n’avoir que onze ans, on était assez mature ! « Et c’est pour ça que je voulais te dire que… Je pense que tu ne devrais plus être mon amoureux… » Mes yeux se faisaient aussi ronds que des billes. « Mais pourquoi ? » « J’ai commencé les cours de tennis à la place de la guitare. Et j’ai rencontré Garry. » « C’est qui lui ? » « Bah… C’est mon nouvel amoureux… » QUOI ?! Comment ça elle avait un nouvel amoureux ? Non ! Ca me dégoûtait ! Elle n’était pas gentille ! Enfin, d’un côté, il fallait que je me fasse une raison. « D’accord. Salut alors. » « Oui, salut. » Et je repartais à la maison, dans ma chambre, où j’allais subir mon tout premier chagrin d’amour.

2003 - i can't explain, i love you 'till the end

C’était le plus beau jour de ma vie ! Finir à deux heures et demie à la place de cinq heures et demie, le rêve ! Et comme en plus mon frère était dans ma classe, on rentrait en même temps, sans avoir prévenu nos parents, pour leurs faire une sorte de surprise. « Tu penses qu’ils seront ok pour qu’on aille au cinéma avec eux, ou un truc du genre ? » « Ouais, peut être, je ne sais pas trop. J’ai un mauvais pressentiment… » « Non mais tu déconnes ? On finit deux heures avant que ce soit prévu, rien ne peut nous arriver ! » « J’en suis pas convaincu… » Oh la la ! Ce qu’il pouvait être rabat-joies des fois Nemo ! Ca allait être cool cette après-midi. On arrivait devant la maison, et j’ouvrais la porte passant devant Nemo. Il y avait beaucoup de gens à la maison. Ce n’était pas courant ça non plus. Mon père était parmi eux, et s’avançait vers nous. « Les enfants ? Que… Qu’est-ce que vous faites là ? » « On a fini plus tôt. » « Elle est où maman ? » « Hum… elle est… hum… » « Morte ? » Quoi ? Pourquoi il dit ça ? Je me retourne vers Nemo. Mais qu’est-ce qui lui prend ? Je me retourne vers mon père qui acquiesce. Quoi ? Non mais ce n’est pas possible. Je me retourne vers Nemo, qui n’est plus là. « Je suis désolé. » Et il s’en va, s’enfermer dans les toilettes. Et moi je cours dehors, les larmes aux yeux. Assis sur une marche, Nemo était là, et il… Il pleurait. Je ne l’avais jamais vu pleurer. Je m’asseyais à ses côtés, le prenant par l’épaule. Et je me mets moi aussi à pleurer. « On va s’en sortir… »
« Lily ? Qu’est-ce que tu fais là ? » J’étais tout seul chez moi, j’étais censé travailler. Au lieu de ça, Lily, qui était redevenue ma meilleure amie, se trouvait sur le pas de ma porte. Mais… Elle pleurait ? « Jasper… J’ai besoin de toi… » « Rentre ! » Je la laissais entrer dans ma maison et l’invite à s’asseoir dans le canapé du salon, avant de m’asseoir à ses côtés. « Qu’est-ce qui se passe ? » « Tu peux me prendre dans tes bras ? » « Hum… Oui, si tu veux… » Je m’exécutais alors, passant ma main dans ses cheveux pour essayer de la rassurer. Ses sanglots se calmaient doucement. « Mon père… Il… Il m’a traité de pute. Du coup, je suis partie de chez moi, je ne veux plus y aller ! » Je relevais le visage pour lui faire face. « Lily ! Ce n’est pas le cas, crois moi ! Te n’es pas une pute ! Il ne faut pas que tu l’écoutes ! » Elle me souriait doucement. Ça me faisait plaisir. Je n’aimais pas quand elle pleurait. Et sans que je m’y attende, elle déposait ses lèvres sur les miennes. C’était bizarre. Enfin, je ne l’avais pas embrassé depuis plus de deux ans, et se retrouvait face à ça, comme ça, c’était étrange. J’eus alors un mouvement de recule. « Wow ! Lily ! Qu’est-ce que tu fais là ? » « Je… Je ne sais pas… Je… Je crois que, j’en avais envie… » Elle avait envie de moi ? Ça, je ne m’y attendais absolument pas. « Dis, t’as déjà eu envie de… De coucher avec quelqu’un ? » « QUOI ?! Pourquoi tu me demandes ça ? » « Ben… J’ai un peu envie, là… » Et elle reposait ses lèvres sur les miennes. Je passais mes mains sur son visage. « Mais on n’est pas un peu jeune ? Et en plus, t’es ma meilleure amie, je n’ai pas envie de… » Elle pose son doigt sur ma bouche. « On s’en fou de l’âge ! Et ça ne changera rien. C’est juste histoire de faire notre première fois avec quelqu’un en qui on peut avoir confiance. » C’est vrai qu’elle avait raison sur ce point. Je lui tendais la main, et on montait dans ma chambre.

2005 - you've got the sweetest eyes i've never seen

« Jasper ! T’as pas vu Nemo par hasard ? » Leeloo venait de faire irruption à la maison. Elle ne se gênait vraiment pas, de moins en moins même. Plus ça allait, plus elle entrait là comme dans un moulin. « Il est sorti je crois. » « Ah… Euh… Tu sais quand est-ce qu’il rentre ? » « Non. Pourquoi ? » « Non, comme ça. » Elle devenait toute rouge. Pauvre petite Leeloo, elle ne savait pas cacher ses sentiments. « Ouh la, si tes joues deviennent rouges tomate comme ça, il y a quelque chose… » « Mais non ! Non ! Pas du tout ! » « Mouai. Tu veux boire quelque chose ? » Je me dirigeais vers la cuisine pour lui servir un verre. Parce que de toute façon, la connaissant, elle allait scouater là jusqu’à ce que Nemo rentre. Donc autant l’occuper. Je lui tendais un verre d’eau. « Bon, qu’est-ce que tu lui veux à mon frère ? » « Mais rien ! Ce n’est pas tes affaires ! » Oh la la ! Elle n’était vraiment pas d’humeur elle aujourd’hui ! Elle avait ses règles ou quoi ? « Sache que Nemo est mon frère JUMEAU, donc ce qui le concerne me concerne ! » « Ah non ! Tu ne vas pas recommencer avec ça ! » C’est vrai que j’aimais bien l’embêter avec ça, je n’aimais pas qu’elle dise des trucs à mon frère qu’elle ne me dit pas à moi. « Alors qu’est-ce que tu veux Leeloo ? » « Rien ! Je voulais juste lui piquer un DVD… » « Ah oui ? Lequel ? » « Star Wars. » Quoi ? Elle voulait mes DVDs de Star Wars ? « Déjà, les DVDs de Star Wars, ce sont les miens. Et en plus, es-tu vraiment digne de confiance pour avoir ces DVDs ? » « Mais oui ! Aller passe-les moi et je rentre chez moi. » C’est vrai que si je les lui passais, elle allait me laisser tranquille vaquer à mes occupations et ne pas attendre Nemo. J’allais donc chercher les DVDs. « Bon, OK, mais tu fais ATTENTION ! Tu joues ma vie là, tu ne te rends pas compte ! »
« Putain ! T’as vu l’heure à laquelle tu rentres ? » Bon, ok, je faisais un peu le flic avec mon frère, mais bon. Il abusait là ! « Mais ! C’est bon ! Il est 19h ! » « Oui, et on a cours demain ! » « Oh ! Ca va ! » Bon ok. Nemo énervé. Oh je sais ! J’allais lui parler de Leeloo, ça allait lui remonter le moral. « Tiens, Leeloo est passée cette après-midi. » Et là, d’un coup, il se dresse. Un peu comme un chien qui entend un bruit ou un truc du genre. « Ah oui ? Pourquoi ? Elle a dit quoi ? Elle voulait quoi ? » Mouhaha, j’avais su attirer son attention en tout cas ! « Eh oh ! Inspecteur Gadjet ! T’as fini avec tes questions ? Elle voulait te voir… » Il ouvrait de grands yeux. « Elle voulait quoi ? » « Mes DVDs de Star Wars. Je les lui ai passés, mais je regrette. Imagine elle veut me faire du mal ! Et elle les détruit ! Je te jure, je la tue… » « NON ! » « Quoi non ? » « Bah tu ne la tues pas ! » Suspect, suspect. Nemo, ce n’était pas le genre à réagir comme ça… « Mais c’est bon Nemo, c’est qu’une expression. » C’était bizarre. Leeloo qui rougit quand je lui demande ce qu’elle veut à Nemo, Nemo qui réagit au quart de tour quand je parle de Leeloo… « Mais dis donc toi, il se passe quoi avec Leeloo ? Vous vous êtes engueulés ? » « Ah non ! Pas du tout ! » « Bah t’es amoureux d’elle alors ! » Il me regardait avec de gros yeux. « Mais non ! Pourquoi tu dis ça ! » Je l’imite un peu. « Mais non ! Pourquoi tu dis ça ! T’es sur la défensive à chaque fois qu’on parle d’elle. Franchement, il se trame quelque chose entre vous deux, c’est évident. » « Ouais bon tu me soules. » Et il monte dans sa chambre. Bon, ben, voilà quoi.

2007 - party rock is in the house tonight

« Chers amis. Si je vous ai réuni ici, la raison en est que nous avons désormais tous dix-huit ans. Nous sommes des grandes personnes, raisonnables, matures, ou presque. Quatre hommes, dans le vent, tatoués, et qui ont trop la classe. Les plus beaux, les plus gentils, les plus drôles. Nous. Nemo, Zadig, Woody, et moi-même, Jasper, sommes des hommes désormais. Des vrais, qui… » « Bon, t’accouches oui ou non ? » « Ouais, abrège là ! » « Bon, bon. Tout ça pour vous dire, j’ai eu une idée. » Et je m’arrêtais. On était dans mon garage. Moi debout, eux assis. Je les faisais languir, et j’aimais ça. « Bon merde, Jasper, c’est quoi ton plan là ? » « Et si on montait un groupe de rock ? » Ils me regardaient tous avec des yeux ronds comme des ballons. « Bah quoi ? Pourquoi pas ?! » C’est vrai ! Moi je faisais de la guitare, et après, chacun son truc ! « Bon, vous êtes pour ou pas ? » Il y avait un flottement dans l’air. Bon, c’est sûr, j’avais l’habitude d’avoir de mauvaises idées, mais là, c’était carrément trop cool ! On pouvait devenir célèbres et tout ! « Ouais, moi ça me va ! » « Pareil pour moi ! » « Ouais, ça marche ! » Je sautais en l’air ! Trop cool ! Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude qu’on approuve mes idées ! « Yeaaaaah ! Ça gère ! Bon, par contre, il va nous falloir un nom. J’avais pensé aux quatre fantastiques, mais ça fait un peu trop commun, donc il va falloir y réfléchir, chers amis musiciens ! »

2009 - when i see your face

« Merde ! Je suis vraiment désolée ! Je n’ai pas fait exprès ! Je ne voulais pas ! Excusez-moi ! » Outch ! Ca faisait franchement mal ! Enfin, ça brûlait surtout ! Je venais de me prendre un café sur une partie sur laquelle j’aurais préféré ne pas recevoir de café en fait ! « Non, mais vraiment ! Je suis désolée ! Je… » J’attrapais les mains de la jeune femme qui m’avait renversé son café dessus et qui semblait vraiment décontenancé. « Non mais, ce n’est pas grave hein ! Ne vous inquiétez pas ! » Je relevais mon regard vers son visage. « Je peux vous inviter à boire un café pour la peine ? » Aller, bim bam, boum, et paf ! Je sors le grand jeu. Non mais en vrai, elle était pas mal. Elle avait des supers yeux en tout cas ! « Euh… Oui. Oui ! Pourquoi pas ! Honnêtement, je suis vraiment désolée pour votre pantalon ! » « Ne vous inquiétez pas, je n’en ai pas qu’un. Je m’appelle Jasper, et vous êtes ? » « Ellen. Je m’appelle Ellen. » « Enchanté Ellen. » Je commandais donc deux cafés, et nous commençâmes à discuter. Elle était très gentille, et, même si ça ne se faisait pas de dire ça dès qu’on rencontre quelqu’un, elle était totalement mon style de fille. Au bout d’environ une heure de discussion, je décidais de me lancer. « Excuse moi, mais je vais devoir y aller. Ça serait mal placé de ma part de te demander ton numéro ? » « Ah non, pas du tout ! » Elle me tendait alors un papier avec son numéro de portable. Cool, ça annonçait un second rendez-vous proche. Je rentrais donc chez moi, là où j’étais censé passer la soirée avec Nemo. « Bon, t’as foutu quoi de ta journée ? » « J’ai rencontré une espèce de top modèle trop canon, et toi ? » « Rien. T’as pris son numéro ? » « Bah oui, évidement. Tu me prends pour qui ? Le Dark Maul de la drague ? Crève ! Je suis le Maître Yoda de la séduction ! »

2011 - oh baby, baby

« Bon, t’es prêt ? » « Prêt pour quoi ? » « Bah pour ce soir ? » « Y a quoi ce soir ? » « Bah on va draguer en boîte ! » « Ah non ! Pas possible ! » Genre j’allais sortir draguer. Même pas en rêve ! J’avais une copine moi, j’étais fidèle. Ah oui, mais c’est vrai. À part Nemo, personne ne le savait pour l’instant. Comment j’allais pouvoir expliquer à ces deux gugusses que draguer n’était plus d’actualité. D’un coup, je passais en mode malade, fatigué, j’essayais même par ma pensée de devenir blanc. « Faible, je suis. Sortir, je ne peux point. Mourir, je vais. AAAAARGH ! » Crédible ? Moi ? Toujours ! « Jasper ? C’est quoi ton cirque là ? » « On comprend rien. On était censé sortir draguer ce soir, et il ne veut pas. » Je faisais des grands gestes à Nemo, sans que Woody et Zadig ne me voient, pour lui faire comprendre de ne rien dire. « Aaaaaah. D’accord… » « Et du coup, il fait le mort… » « Mort, je suis. Parler, je ne peux plus. » Ils me regardent tous avec un air, comme si j’étais débile, mais non ! Ce n’est même pas vrai. La sonnette de la porte sonne, et Nemo se bouge pour aller ouvrir parce que moi, je suis allongé sur le sol. Et c’est trop tard que je réalise que la personne qui vient de sonner c’est… « Ellen ! Comment tu vas ? » Zadig et Woody se retournent vers moi. « C’est qui Ellen ? » « C’EST LA COPINE DE JASPEEEEEER ! » Connard.