« elle a gommé les chiffres, des horloges du quartier. elle a fait de ma vie, des cocottes en papier. des éclats de rire »



j'me rappelle pas d'mes années à l'orphelinat, pas tellement, il y a que des flashs qui m'reviennent, ils remontent à la surface, quand on volait au marché, quand on arnaquait, la vie était dur, un peu, mais on s'éclatait entre orphelins, le personnel, il retenait même pas nos prénoms, on m'a dit que j'avais été rapporté par un jeune homme qui s'était même pas présenté, pas d'nom, pas d'adresse, c'était pas si bizarre à l'époque, les gens s'en foutaient pas mal en fait, moi aussi, ça l'intriguait pas.
j'croyais que ma vie était tracée, mais c’était pas vrai. la seule chose que l'homme à précisé, c'était que je m'appelait nikkita, c'est russe nikkita, je suis russe à l'origine? j'sais pas, j'm'en fous. j'avais pas de nom de famille...

un couple venu du luxembourg est venu visiter l'orphelinat, j'devais avoir sept ans, ils voulaient faire une bonne action, ils devaient surement vouloir se racheter, l'enfant, c'était moi, ça aurait pu être n'importe qui d'autre, mais non, c'était nikkita, c'était moi.
ils m'ont pris dans leur maison, dans la capitale, à luxembourg, j'ai pu choisir un nom de famille, j'ai pris vantini, j'en voulais pas du leurs, braun, ça craint, la vie avec eux était agréable, ils avaient un immeuble dans le centre ville, étaient au p'tits soins avec moi, ma maman, elle travaillait pas, ils suivaient la religion catholique à la lettre, c'était weird, mais genre, à la lettre, j'osais pas leur dire que je croyais en rien du tout, alors je faisais comme eux, mon papa, il avait des banques, oui, pas qu'une seule, partout dans le monde, y avait celle du luxembourg par exemple, ah, il faut préciser que je ne manquais de rien? je crois pas non.
j'allais dans une école privée, c'était pour l'élite, pour les enfants des gens super fortunés, les enfants comme moi, ils m'ont acceptée malgré mon retard, je parlais pas luxembourgeois, ou allemand, ou français, un mec venait m'apprendre en dehors de l'école, il m'a tout appris, les langues officiels, et même celles qu'il fallait pas forcement apprendre, d'après lui, c'était bien de comprendre tout le monde, d'après lui, c'est un avantage.

ma vie avait changé de cap.
je n'étais plus cette pauvre orpheline à la vie de misère et d'horreur, non, non, j'étais nikkita fille de riche, pourrie, gâtée, hautaine, destinée à finir avec un homme influent, a être une parfaite épouse, discrète, soumise, comme maman.
je voulais vraiment ça?
j'avais le choix?

je sortais avec un alexandr, c'était secret, je l'aimais pas tellement, on se retrouvait dans les jardins du château, on s'entendait bien malgré nos perpétuelles disputes, un jour qu'il me faisait encore ses reproches auxquelles je ne prêtait même pas attention, je me jetais sur lui pour l'embrasser, pour le faire taire, tout aurait été normal si une de nos femmes de chambre n'avait pas assisté à la scène. ils l'ont mal pris, tous. il fallait que j'le quitte, ce que je n'ai pas fait.

j'avais éducation parfaite et sans faille, j'étais une machine, j'étais dressée, je détestais ça. j'étais la fille idéale en quelque sorte, parfaite, je ne posais jamais de questions, sur ce que j'étais avant, j'avais tout oublié, je m'en fichais? peut-être. mais un jour, je sais pas comment ça se fait, j'me suis rendue compte que j'étais enceinte, j'avais fait attention pourtant, j'savais pas quoi faire, j'savais pas, j'allais m'faire tuer, décapiter, tuer, ah, j'l'ai déjà dit, c'est vrai...

alors voilà, j'me suis pas faite tuée, j'me suis juste faite oubliée, on m'a fait changé de nom, j'ai choisi aussi, j'étais pandora ysaure thorne, c'est moi qui ait choisi mon nom, j'ai complètement barré nikkita, j'aime plus, maintenant, mes initiales font pyt, pretty young thing on m'a envoyée à jerrytown, je sais pas pour là et pas ailleurs, peut-être qu'ils savaient que j'allais détester, parce que franchement, qui voudrait être là? j'suis encore au lycée, ma vie d'avant me manque mais c'est trop dur d'y penser, personne ne connait mon histoire, personne j'en parle pas, plus maintenant.
tout le monde est persuadé que je vais bien.