SIX YEARS OLD ♦ le soleil se lève, et je suis déjà assis à la table du petit déjeuner – même petit je pensais qu'à manger, rassurez vous, je suis loin d'être gros. Aujourd'hui c'est la rentrée, et je suis comme un petit fou à l'idée de rencontrer tous mes nouveaux camarades de classe. Huit heures. C'est l'heure de partir ! Je me dandine, enfin l'école primaire. Là-bas, je ne savais pas que je rencontrerais les quatre garçons les plus importants. J'étais loin de me douter qu'ils deviendraient pour moi des frères, des meilleurs amis. Toutes ces choses qui faisaient que nous serions inséparables. L'école, pour moi c'était marrant. Parce qu'il y avait Sid, Dodo, et tout ça. La primaire c'était quand même bien cool, parce que nos seuls jeux et discussions consistaient à se sauter dessus, à se courir après et à dire «  Diiiiis, tu veux bien être mon coupain ? »

NINE YEARS OLD ♦ Olly, c'est mon grand copain. J'peux même vous dire que c'est mon meilleur ami. En fait, entre nous c'est fusionnel, parce que je l'aime comme si c'était mon frère. Je peux pas m'empêcher de lui sauter dessus, de le frapper gentiment, toutes ces choses qui font que je ne peux pas me séparer de lui. Même si on est encore pas grand, je peux vous dire que j'ai pas besoin de lui dire que je l'aime pour qu'il le sache ! Avec Sid, par contre, c'est pas toujours la joie. Des fois, il m’énerve, alors je lui crie dessus. Il essaie de me prendre mon ballon, et je le colle contre ma poitrine, possessif. « C'est mon ballon, Sid. TU TOUCHES PAS. » je le vois qui fronce les sourcils, et il ne comprends pas pourquoi je me montre un peu agressif. « Mais prête le moi un peu, tête de rat ! » là j'explose, et je me jette dessus, ayant lâché la balle au passage. « Tais-toi ! Tu peux parler, avec tes cheveux de mouton ! » les autres m'empoignent plus loin. Je vais bouder dans un coin, ma balle sous le bras, alors que Maxxie, Olly et les autres sont occupés ailleurs. Mes yeux se brouillent : je suis frustré. En même temps, je m'en veux de lui avoir parlé de cette façon. J'attends la fin de la journée, puis je lui tire le bras. Sid se retourne, et je le prends dans mes bras, je le serre fort contre moi. « Désolé Sid, j'voulais pas être méchant avec toi, désolé. »

ELEVEN YEARS OLD ♦ Le grand stress du collège, le passage en sixième, dans la cour des grands. L'appel commence, pour définir qui va où. Dodo et Sid ne seront pas avec moi, cette année. Mon cœur se serre un peu à l'idée de les voir moins. Mais heureusement, Ghania est là. Avec moi. Je lui offre un sourire rassuré, alors que nous nous dirigeons dans notre classe. Durant cette année et celles qui suivirent, nous allions passer beaucoup de temps ensemble, et nous rapprocher, de façon à devenir de très bons amis. Elle me disait ce qu'elle avait sur le cœur, et je l'écoutais, toujours patient.

SIXTEEN YEARS OLD ♦ Ce soir, ce grand soir de juin, chez moi, je faisais péter la musique. J'avais invité les gens que j'aimais, et qui normalement m'aimaient aussi. J'avais tout prévu pour que tout soit parfait : un buffet plein de bouffe ( qui était accessoirement mon territoire ) des canapés, une piste de danse, une folle musique. La soirée se déroulait plutôt très bien, je m'amusais à faire le DJ toute la soirée, distribuant verre et nourriture au passage. Tout allait bien jusqu'au moment où je vis Gaga qui courrait vers moi comme une dératée. J'éteignais alors la musique pour pouvoir écouter ce qu'elle avait d'aussi important à me dire. « Jimmy ! J'ai besoin de toi ! C'est affreux, Dodo est complètement défoncé et là, il est dans les toilettes, il s’est fait pipi dessus et il est mort de rire et il lui faut un pantalon et... » les rires des autres éclatent en écoutant Gaga. Je leur jette un regard noir. « Euh, t'inquiètes pas, va t'occuper de lui, j'arrive ! » je me pressais dans ma chambre où je prenais un pantalon à l'arrache puis je repartais dans l'autre sens vers les toilettes. Je grimaçais en voyant dans quel état était Dodo. Je poussais un soupir, le relevait puis le traînait dans la salle de bain. Je le plaignais, tout le lycée était au courant, il allait prendre très cher mon pauvre Dodo. « Putain mais t'es le roi des cons toi ? Je sais pas ce que t'as fait, tu me diras tout ça quand tu arriveras à parler. Habille-toi et va dormir, t'as fais assez de dégâts comme ça. » je lui balançais le pantalon à la tête et fermais la porte de la salle de bain derrière moi. Pauvre Dodo.

EIGHTEEN YEARS OLD ♦ Olly était assis sur le canapé – qui m'appartenait d'ailleurs. Il était absorbé par la télévision. Un sourire un peu mesquin vint sur mes lèvres, et je courrais comme un fou, puis me jetais sur Olly, l'écrasant sous moi. «  OLLY JE T'AIME ! » hurlais-je, mes mains ébouriffant ses cheveux. Je l'entendais gémir sous moi – sûrement à cause de mon poids. « Ooooh, je vois que Monsieur fait de petits gémissements suggestifs. » je lui lançais un regard aguicheur, puis prit son visage entre ses mains, très solennellement. « On baise ? » j'éclatais de rire, lui aussi. Il profita de ce moment de faiblesse pour me repousser, et je m'écrasais face contre le tapis, faisant mine de pleurer. « Jimmy ? Jimmy, ça va ? » je ne répondais pas, la tête enfoncée dans mon tapis tout mou. Je la tournais. « Tu m'as fais mal, putain... » je le vis descendre du canapé, et s'agenouiller à côté de moi, l'air complètement paniqué. « Jimmy, j'suis désolé, je voulais pas... » je pouffais de rire. Me retournais, lui sautais dessus et le plaquais contre le parquet du salon. Je tirais sur son oreille, rigolant comme un fou. « T'as cru, hein ! Tout ce que tu ferais pour moi, quand même. » il leva les yeux au ciel et me repoussa par terre. Je restais sur le dos, mes mains tenant mon ventre. « Jimmy, je t'aime, mais putain ce que t'es con. »